Salut à tous,
Cela fait quelques années que je suis accordé en quintes (CGDA) et du fait de la rareté de cet accordage, je suis plus ou moins obligé de constamment réinventer la roue à chaque fois que je dois bosser quelque chose... forcément ça ralentit le schmilblick mais l'avantage c'est que ça me fait découvrir pleins de trucs dessus
. Au fur et à mesure je me créé mes propres "outils" et je découvre des méthodes peu orthodoxes et franchement intéressantes que je pourrai vous partager ici si cela vous intéresse. Vu que cette bizarrerie qu'est l'accordage en quintes (Jannick Top, Philippe Bussonnet et... c'est à peu près tout) est très sûrement assez étrangère à vos doigts, je me propose de vous en expliquer les rudiments ici, en espérant que ça vous inspire, quelque soit votre accordage ^^.
Tout d'abord, en quintes, on obtient C-G-D-A du plus grave au plus aigu. On obtient donc un ambitus plus large qu'en 5 cordes... avec 4. J'utilise des cordes d'addario 145-100 (ou 95) - 60 - 40. Naturellement, la 145 implique d'ajuster le sillet, ça se fait facilement avec une lime ou un petit couteau mais ce n'est pas à négliger. Le tirant 145 (ou 140) pour la corde de C est assez important : bien que les B graves, sur 5 cordes, aient souvent un tirant plus petit, l'usage en est complètement différent puisque, ici, il n'y a pas d'autres cordes que la corde de C pour jouer le E grave, il faut donc que la corde de C soit suffisamment tendue pour que le E grave à la quatrième case soit suffisamment ferme pour pouvoir occuper le rôle sonore du E à vide (là où le E à la cinquième case la corde de B a tendance à sonner mou ou pâteux sur 5 cordes).
Maintenant que la basse est accordée, un premier exemple : la gamme de C majeure.
Premier constat : ça pique.
Pour traverser la gamme, il faut traverser cinq cases sur 2 cordes avec quatre notes par corde ce qui fait des doigtés quelque peu injouables : pas question de se baser sur une position pareille ! On pourra noter qu'une telle construction met bien en évidence la séparation de la gamme en deux tétracordes identiques (séparer les gammes en tétracordes se révélera très utile dans cet accordage).
Une solution est alors de penser en gammes brisées avec trois notes par cordes sur trois ou quatre cases, comme ceci :
De tels doigtés sont beaucoup plus jouables. Il ressort alors deux choses :
- Pour jouer des notes resserrées, il faut jouer "horizontal" ce qui force à démancher et à sans cesse changer de position (de toute façon, cet accordage n'incite pas à rester statique).
- Jouer "vertical" incite, quant à lui, à utiliser plusieurs registres à la fois : sur une même position on peut atteindre des notes réparties sur 2 octaves (!), ce qui peut aboutir à un jeu intéressant exploitant la répartition notes graves/notes aiguës.
Intéressons--nous désormais aux accords et arpèges :
Ce qui est alors très intéressant, c'est que les accords et arpèges, même complexes, deviennent très simples à jouer ! Les doigtés sont très naturels (et je n'ai pas listé ici les inversions). Les doigtés de sixtes, septièmes, dixièmes, neuvièmes et onzièmes deviennent simples comme bonjour, le tout en trois cordes ou moins ! Chaque corde devient comme un registre à part entière : on en vient à un jeu quasi-polyphonique.
Je n'ai fait ici que gratter la surface, je pourrai vous exprimer plus tard des réflexions plus profondes sur cet accordage qui cache une certaine richesse derrière son austérité. J'espère que ce début d'exposé vous aura plu
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