Déterrage car très intéressé par ce concept. On peut renconter le même postulat chez Evelynn Gleeny (percusionniste malentendante écossaise) dans son documentaire "touch the sound". C'est pas complètement philosophique, c'est surtout une affaire de gérer son toucher pour découvrir d'autres sonorités. Après oui philosophiquement parlant il y a ceux qui estiment que le corps peut-être une barrière à la compréhension. Je m'explique rien que sur la vision: vous regardez le fond d'une piscine, si elle est pleine d'eau vous ne verrez pas la même chose que si elle était vidée, vous êtes d'accord? Eh bien on peut faire une analogie avec notre ouïe: on entendra pas la même chose selon l'intensité de notre toucher sur la corde. Comme l'eau donc notre toucher ou notre attaque mal géré peut constituer une barrière à la compréhension du son dans sa globalité et ses nuances. (lire le philosophe français Maurice Merleau-Ponty "L'oeil et l'esprit" et "le visible et l'invisible", reconnu comme le philosophe des sens)
Cependant pour moi cela peut avoir une application très concrète. Pas que philosophique.
Un bassiste reconnu pour ça c'est Nathan Watts: il joue avec énormément de "toucher" en gonflant le volume à l'amplification MAIS en nuançant son attaque, ce qui produit le son caractéristique de son groove. On peut faire une analogie avec l'after-beat en walking où l'on va affirmer les temps pairs par rapport aux temps impairs, mais là c'est assez réducteur quand même.
Pour en revenir à Evelynn Gleeny, elle explique que de par ses problèmes d'audition détectés dans sa jeunesse, elle s'est attachée à ressentir "physiquement" les sons, comme Weckl apparemment: faire remonter à la surface les sons pour les rendre palpable, par leur vibrations. C'est un principe qui a cours très souvent en musique contemporaine, improvisée, expérimentale, etc... ce genre de style.
Le problème c'est que culturellement nous ne sommes plus trop en mesure avec les procédés de mastering en cours actuellement dans l'industrie du "disque"(l'hypercompression qui permet de gonfler le volume sonore et donc de faire ressortir les notes moins affirmées pour les mettre au même niveau que les autres, ce qui induit une perte de dynamique)de déterminer toute la richesse d'un son.
Sur le principe du slap je suis à 200% d'accord avec Joël et sachant que je joue sur une 5 cordes avec Si grave c'est ENCORE PLUS flagrant. Cet aprem je bossais toute une set-list de blues pour une soirée Boeuf Blues au Chabada (Angers) et je tombe sur "put the shoe on the other foot" d'Albert Collins joué en slap ternaire et sur une grille démarrant en Ré, du coup joué sur le Ré du Si grave sur le MP3 mis à ma disposition. Je joue la première à blanc sans trop chercher, à l'oreille, pas satisfait du son: bruit de l'attaque omni présent, sourd, je me suis calmé à la deuxième écoute et j'ai adapté mon toucher: plus soft, le son en est devenu plus riche, faisant ressortir très probablement les harmoniques, tout en gardant la sécheresse de l'attaque en slap, qui du coup est devenu plus perceptible, donc oui à mon sens c'est cela faire remonter à la surface ou extraire les sons comme l'expliquait Dave Weckl.
Après il serait intéressant d'analyser le spectre de ce que l'on joue pour se rendre compte de tout cela, mais pour moi il y a clairement une différence très audible.